mardi 11 juillet 2017

TOUS À TOURS RALLIENT RONIS

  


Sortie à Tours Willy Ronis. 






Après Vivian Maier, Diane Airbus, Henry Cartier-Bresson, Pierre de Fenoÿl, Robert Capa, Jacques Henry Lartigue, Sabine Weiss, Michael Kenna, Robert Doisneau, mes balades expos photos m’ont conduite cette fois ci et une fois de plus au château de Tours (le reste avait lieu à Paris) où se tient une sublime exposition « Photos de Willy Ronis »: déjà dix en tout… et des plus grands! Cette exposition y sera visible jusqu'au 29 octobre 2017, avis alors aux amateurs.

Encore un grand maître de la photographie, donc, que ce Ronis. Les sujets, les compositions sont superbes, on en redemande. Mais l’intérêt de l'exposition est de voir des originaux, et une fois de plus, j’ai pu constater qu’aucune reproduction dans des livres ou sur Internet ne rendait justice et hommage à l’épreuve originale, on y retrouve une dimension qui ne peut s’apprécier autrement.
Les tirages sont superbes: les noirs sont profonds, les blancs neige, les gris déploient toutes leurs tonalités dans toutes les nuances, les détails vous font voyager dans les moindres recoins de la photos et cela vous raconte encore et encore… Les photos «claquent», elles attirent votre regard de près, de loin, les jeux des ombres et des lumières sont parfaitement maîtrisés, l’interprétation résultant de ce travail du tirage est vraiment du grand art.
Je me suis laissée porter par tout cela, une vraie jouissance pour les yeux, du dix étoiles, et tout cela gratuit le premier dimanche du mois, le Château régale!
J’ai pris quelques photos, quelle gageure j’en conviens, mais c’est une manière comme une autre d’emporter des souvenirs, mes souvenirs, façon de réveiller ce que j’ai pu voir et de réveiller les émotions que cela m’a procurées (la madeleine de Proust, quoi !).

Mais qu’est-ce qui différencie Ronis des autres photographes humanistes dans son œuvre et dans son style ?... Je n’ai pas fait les Beaux-Arts, je n’ai pas fait Histoire de l’Art,… donc je ne donnerai – désolée - que mon modeste point de vue.

Willy Ronis est un photographe engagé. Il a beaucoup photographié les gens modestes de son époque dans leur contexte quotidien et professionnel. Il était à la recherche de l’essence artistique et harmonique de ce qu’il pouvait observer : sa manière à lui de leur rendre hommage et de les inscrire dans une histoire.
Willy Ronis rêvait d’être compositeur de musique, la vie en a décidé autrement et la photographie s’est imposée à lui, un médium qu’il a travaillé à la manière d’un musicien qui aurait composé une partition à plusieurs voix. Les éléments de la photo s’harmonisent et se répondent pour ne faire qu’une œuvre à chaque photo.
On retrouve dans ces photos, la tendresse de l’enfance, l’humour et la malice de l’innocence, l’amour des paysages, l’envie de poésie et de rêve qui permet d’avancer dans la vie, de garder de l’espoir et malgré tout de faire bouger les choses par des regards partagés.
On retrouve dans ces photos l’humanité, la bienveillance au sens propre du terme, malgré, parfois, l’effondrement et l’impuissance.
Comme pour toute œuvre, que ce soit la littérature, la peinture, le dessin, la sculpture, la musique, la photographie, le cinéma, et je dirais même la cuisine et j’en passe, tout n’est qu’une question d'émotions, le produit accouché de l’auteur est révélateur de son propre intérieur qui se montre, s’expose. Mais qui se montre partage, et là, Willy Ronis sonne juste et nous aide à avancer…
Merci l’artiste.
Si la photo argentique vous aimez, et que vous passez dans la Touraine, faites un détour, une telle exposition ne se présente pas souvent.




















































































































































































Les photos de Ronis sont très graphiques, elles jouent sur des lignes courbes, des lignes brisées, des contrastes très marqués avec des zones noires qui occupent la surface de manière très marquante, souvent en contrejour, et il utilise du désordre qui en fait s’ordonne pour sa photo, ce que j’appelle du « faux fouillis ». Tout cela semble très mathématique dans sa géométrie, et on notera que le chiffre 3 a visiblement une importance capitale.

Là aussi réside le génie et la magie photographique de Ronis, les éléments de la composition rentrent en résonance pour faire corps et transmettre la poésie de l’ensemble.
Il est toujours difficile de savoir comment une bonne photo se fait, mais manifestement, Ronis est capable de sentir à l’avance, sans avoir à la développer, si la photo qu’il a faite est bonne ou pas.
S'il fallait absolument le classer, je placerais Ronis parmi les photographes modernes (il est en avance sur son temps), et on retrouve chez lui des influences multiples, celles des maîtres flamands (Brueghel, explicitement revendiqué), du surréalisme (Bunuel), de l'impressionnisme (les Renoir, père et fils), de la perfection plastique (Ingre et sa Baigneuse), de l'asiatisme graphique (Japon, Chine), souvent des plans cinématographiques (comme des photogrammes extraits d'une séquence racontant une histoire). 
Il travaille tous les genres, toutes les ambiances: c'est un artiste ouvert, curieux, généreux, en quête de nouveauté, en perpétuelle recherche de représentations. Ce faisant, il ouvre des pistes multiples pour ses successeurs.


Voici les documents d'accompagnement de l'exposition, en commençant par le recto-verso de la carte postale.










Citée parmi les grandes expositions que j'ai visitées et dont j'ai parlé au début, et où je n'ai pas pris de photos, elle aussi une éminente représentante du mouvement humaniste français, Sabine Weiss ouvre la voie des brochures que j'ai conservées. 
















Au même endroit, l'année précédente, c'était Capa.
























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