lundi 19 juin 2017

INONDANNIVERSAIRE

    








C’est juste une association d’idées avec la page précédente, surmotivée par le fait qu’il y a de cela exactement un an nous étions à Chambord pour en immortaliser le côté, exceptionnel aujourd’hui, de son cours d’eau censé être domestiqué depuis l’Ancien Régime inondant jusqu’aux pieds des célèbres murs du château. 

Pour la première photo, on retrouve le papier coton argentique dont on vient de parler, toujours à la page précédente. 






Original tirage argentique


En présence d'une telle photo, la tentation est grande - et c'est bien sûr fréquemment le cas avec des photos de reflets en miroir - de voir ce que cela donnerait si on la retournait. Aucune raison de ne pas céder à la tentation:




Original tirage argentique


Les feuillages du premier plan deviennent des buissons, l'arbre change de côté et le tronc se consolide à partir de ses racines... mais surtout les effets de vaguelettes dus au papier coton dans ce qui était le ciel ainsi que le reflet paradoxal du château lui-même, plus net dans l'eau que dans l'air, ne manquent pas d'intriguer et d'interroger. A coup sûr, les impressions induites sont bien différentes dans les deux cas. 

Continuons avec quelques autres photos de cette même journée exceptionnelle où la pierre et l'eau se sont rencontrées dans des circonstances qui ont toutes les chances de rester uniques dans la durée d'une existence. 




Original tirage argentique



Un passage étroit où l'eau ne fait qu'affleurer attire les plus courageux ou les mieux équipés. 






Original tirage argentique


Quand le banc devient barque le château prend le large.









Original tirage argentique



La preuve que l'eau est omniprésente: les arbres inclinés sont devenus des arcs. 
Avec cette photo, on peut supposer que les effets de château dans les arbres s'appréhendent mieux en se focalisant sur un détail, par exemple celui-ci:  



Original tirage argentique






Les photos prises sont effectivement celles de l’an dernier au moment de l’épisode des crues qui ont fait beaucoup de dégâts dans la région et l’une d'elle causa l’inondation du château de Chambord. Les eaux ont pénétré jusqu'à l'intérieur du château, le rendant inaccessible. Les photos ont été prises après le maximum de la crue.

Mais comme dans toute situation exceptionnelle, ces photos deviennent des photos d’archives peu communes, des photos non reproductibles, et signées doublement dans le temps puisque l’on peut observer aussi les travaux de toitures.

Nous n’étions pas seuls sur les lieux pour observer ce phénomène : des badauds et quelques photographes nous entouraient.

J’étais équipée de mon Rolleiflex, de mon Z1P Pentax et de ma tablette. Les photos au format carré viennent du Rollei.

L’intérêt photographique étant le miroir d’eau ainsi créé, j’ai essayé de capturer quelques images et quelques effets dans ce sens. L’impression générale qui ressort de ces images est le côté isolé du bâtiment ressemblant à une île. Il a une forme globalement rectangulaire ; s’il avait été sous forme de losange, on aurait pu imaginer le Mont Saint-Michel.

La première photo qui positionne le château avec l’arbre à droite au premier plan donne un effet de lévitation du château avec son reflet ; les proportions sont faussées, il paraît massif mais petit. On a aussi le sentiment qu’il n’est pas à l’endroit : les travaux de la toiture confèrent un effet de flou qui fait penser à des perturbations à la surface de l’eau, ce qui dérange le sentiment de haut-bas ; on a presque envie de retourner la photo.

J’aime particulièrement la dernière photo pour son côté dentelle, sentiment procuré par la découpe des branches.

Le scan proposé ne permet pas d’avoir le rendu de l’original qui a bien plus de nuances dans les gris ; l’agrandissement d’un détail permet toutefois d’en apprécier un peu la densité. 


En complément, surtout pour fixer l’événement d’un point de vue documentaire, voici les photos que j’ai prises avec ma tablette (photos numériques donc) :




























Quelques autres tirages argentiques effectués ultérieurement, dont un qui prouve que nous n'étions pas toujours seuls:





Original tirage argentique








Original tirage argentique





L’instant

Jamais on ne le vit, jamais on ne verra
Un château tout entier que prennent dans leurs bras
Deux grands arbres bessons qui grandissent là-bas.
C’est le roi des châteaux, c’est le château des rois.

Jamais on ne le vit, jamais on ne verra
Les champs près de Chambord noyés à ce point là.
Ce n’est plus le marais sauvage d’autrefois
Que pour sa chasse au cerf dompta le roi François.

Jamais on ne le vit, jamais on ne verra
Cet effet de tableau au cadre d’apparat.
Pour cela il faudrait que se renouvelât
Le hasard d’un moment qui n’a pas d’autre loi.

Jamais on ne le vit, jamais on ne verra
Autant d’eau étalée comme un miroir tout plat
Accueillant la photo de celle qui passa
Pour que l’architecture eût cet écrin de bois
Original tirage argentique





Enfin, plus tard, quand le château avait de nouveau les pieds au sec, nous sommes revenus sur les lieux, en retrouvant notre arbre-repère.




Original tirage argentique




Original tirage argentique



Outre que cette photo (prise évidemment à l'intérieur du château) évoque le titre du livre de Jean Lacouture et de François Rey sur l’affaire Tartuffe (MOLIERE ET LE ROI), il me plaît de constater que l’homme de l’art éclipse l’homme de pouvoir, fût-il le Roi Soleil lui-même.

Enfin le voici seul, parce qu'il le vaut bien.



Original tirage argentique



Autre retour, en décembre 2017.





Original tirage argentique



Le tirage original est fait sur un papier Warmtone RC de chez Ilford, la photo suivante également.
J’aime bien cette nouvelle perspective qui joue sur la série de triangles que l’on peut apercevoir disséminés dans la composition (végétaux, toiture, perspective).








Original tirage argentique













Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire