jeudi 23 mars 2017

MASQUES EN RADE

    



Je ne suis pas spontanément épaté par les photos de masques. 
Non pas que je leur dénie a priori toute capacité à produire un effet esthétique intéressant, mais parce que j’ai tendance à attribuer la quasi-totalité des mérites de cet effet à ceux qui font ou qui portent ces costumes. 
Bref, leur raffinement, leurs nuances, leurs effets de contrastes sont tellement inhérents au sujet photographié lui-même que je ne suis pas loin de me persuader que n’importe quel presse-bouton peut obtenir sans talent et sans effort un résultat au moins agréable à considérer. 
Alors, pour retenir mon attention en tant que cliché où transparaît, sinon la personnalité, du moins l’intention du photographe, une photographie doit me raconter autre chose dans ce cas que la capture fortuite d’un instant. 
Mais encore une fois, comme les critères de jugement en matière de photographie me paraissent plus subjectifs qu’objectifs, je conçois tout à fait que mes avis soient peu, voire pas du tout, partagés : voici donc ce qui n’est rien d’autre que des propositions. 
En rade ?... Je ne prends pas l’expression forcément au sens habituel qui connote négativement l’abandon et l’immobilité. Je lui octroie généreusement une chance d’ouverture vers le large, vers la rêverie, et même – pourquoi pas ? - vers l’infini de l’art.

Ici, par exemple, c'est l'effet de composition qui  retient tout d'abord mon attention. C'est à mon sens la plus immédiatement intéressante du lot. 






(Original : argentique)



Ici, ce qui me paraît à retenir, c'est l'inclinaison de la tête et l'impression de regard mélancolique. Le tirage joue un grand rôle: j'ai vu une version plus claire, où le mystère potentiel disparaissait presque entièrement. Il ne faut pas trop donner à voir. 




(Original : argentique)


C'est purement pratique: il s'agit de descendre la marche d'une manière commode et sans salir le bas du vêtement. N'empêche: cela n'en évoque pas moins agréablement certains tableaux libertins du XVIIIe siècle ou du XIXe, quand le pied avait une plus grande charge de sensualité que de nos jours. 


(Original : argentique)


Ce n'est pas un recadrage partiel de la photo suivante, c'est bien une photo d'origine de ce format. 
Tout ici est au service de l'étonnante expression du visage: regard, sourire, port de tête. Si on y voit comme un photogramme, on a le choix du jeu des interprétations, depuis l'invitation galante jusqu'à la prise de distance ironique. 
Renforcement des effets: les obliques cadrées par la verticale blanche de l'éventail et les horizontales sombres de l'architecture; le dialogue en contraste des nuances de blanc général et de la touche résolument noire du corset qui préserve l'ensemble de toute fadeur. 





(Original : argentique)


L'impression est toute différente avec la scène suivante  cadrée cette fois en plan moyen. La mise en scène du couple cette fois s'impose, avec sa complémentarité de dominante blanche ici et noire là. Au lieu de la complémentarité, on peut aussi être surtout sensible à la dissymétrie des positions, soit dans le cadre d'une désagréable domination masculine, ou, au contraire, d'une attitude de protection bienveillante et rassurante. 




(Original : argentique)


Il est possible qu'à première vue on soit rebuté par l'impression générale de fadeur blanchâtre de la photo suivante. Mais en y regardant plus avant, on est surtout sensible à la précision des différentes nuances qu'elle offre. Quant à la composition, je la situerai résolument dans la catégorie des "faux fouillis" qui se rencontrent plus généralement avec les paysages comme sujet. Il y a bien là une vraie architecture, qui ne reste pas secrète bien longtemps. 


(Original : argentique)


Il est loisible d'apprécier librement l'originalité ou l'absence d'originalité des photos suivantes. 
Quelques pistes:

Le charme d'une contre-plongée qui irrigue la blancheur vide du ciel. 



(Original : argentique)




Une symphonie à dominante sombre où le noir est mis en valeur. 
(Original : argentique)



Un cadrage audacieux où la géométrie trouve son compte. Pour l'anecdote, j'ai demandé à Albertine si c'était de dos ou de face: elle ne s'en souvient plus...




(Original : argentique)


Impression métallique, croisement des regards plus ou moins artificiels jusqu'à l'artificiel absolu, le tout sous le symbole du temps, notion que de toute façon il ne faut jamais oublier en photographie, art paradoxal qui à la fois l'exorcise et au contraire l'accentue. 


(Original : argentique)

Un autre angle que précédemment, avec une impression totalement différente. 


(Original : argentique)





Les clichés du masculin et du féminin. Egalement valorisés? 



(Original : argentique)


Une attitude qui se fond dans l'architecture. 
(Original : argentique)


Parmi les photos qu'Albertine a utilisées pour la page suivante, il en est deux qui ont titillé ma fibre cinéphile, celle-là même qui me fait apprécier les photos pour la raison suffisante seule qu'elles m'évoquent un film réel ou potentiel. Dans le cas présent, deux d'entre elles m'évoquent à chaque fois le Judex de Georges Franju (1963): c'est la raison pour laquelle je les présente ici. 


(Original : argentique)

(Original : argentique)

















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