Les jardins de Monet deviennent difficiles à visiter. Trop de monde, trop d’attente, trop de perspectives bouchées, on est à la queue leu-leu partout. J’y étais déjà venue il y a quelques années, c’était d’ailleurs le dernier jour de la saison, la maison fermait pour l’hiver. Il y avait du monde, mais raisonnablement, j’avais visité le jardin, la maison: la cuisine, les chambres, l’atelier. Des images encore fraîches aujourd’hui persistent dans ma mémoire. Il faut au moins y avoir été une fois pour comprendre que Monet est un peintre de la couleur. Et la couleur est partout, j’ai adoré.
Et comme une hérésie, j’ai voulu y retourner pour faire de l’argentique en noir et blanc, comme un défi. Eh bien, je savais que ce n’était pas absurde, car oui, j’ai compris quelque chose dans ma longue quête de la lumière : le rapport des masses et des gris.
Comment traduire toute cette couleur en noir et blanc? Eh bien, par toutes les nuances de gris, en les positionnant à l’aide du cadrage pour donner un sens à la composition.
Techniquement, j’ai fait mes cadrages en composant sans mise au point de sorte que je puisse dégager les masses grâce au flou qui estompe les détails et qui ne garde que l’ensemble, pour ne conserver que cette impression de lumière.
Ce n’est pas tant l’objet que l’on photographie ou que l’on peint, mais la lumière et l’impression que cela produit. Et d’avoir compris cela, ou retrouvé cela, va me faire avancer. Voilà donc mes essais chez Monet à votre jugement. En ce qui me concerne, c’est un bon début, à retravailler évidemment.
Pour comprendre ces histoires de masse et de gris, je vous invite à plisser les yeux de sorte qu’il ne reste en image que les masses claires et sombres.
(Original : argentique)9-15 |
(Original : argentique) 9-15 |
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(Original : argentique) 9-16 |
(Original : argentique) 9-16 |
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Après les fleurs et la végétation, Monet a fait pousser des visiteurs qui se tassent de plus en plus nombreux dans les petits passages qui serpentent dans le jardin.
Pensé à la place d'Albertine
Menez-moi donc chez Claude Monet,
Surtout pour voir son beau jardin.
J’adorerai m’y promener
En commençant de bon matin.
De ses plantes il fit des tableaux,
Ses ponts plaisent jusqu’au Japon.
Moi j’en fais de belles photos :
De fleur en fleur je fais des bonds!
Je suis sensible à la couleur,
Mais je veux faire du noir et blanc :
La couleur a sa profondeur,
Mais le noir et blanc est plus troublant.
C’est vrai, ça fait un peu cliché.
Mais si je fais toutes ces photos
Ce n’est que pour les partager
Comme on le fait d’un bon gâteau.
C’est un rectangle de lumière
Où l’ombre met ses taches rondes ;
C’est un rectangle de noirceur
Où la lumière en traits abonde.
Et dans ce décor familier
Mille fois connu, cent fois couru,
Je goûte le plaisir suranné
D’extraire un flot de choses vues.
Les Nymphéas
(1914-1926 Musée de l’Orangerie, Paris)
Ce projet de peinture, ambitieuse mission,
C'est de réaliser, dans un monde de guerre,
Une oeuvre pour la paix. C'est là que l'attention
Du spectateur charmé cherche d’autres repères.
C'est un tableau vivant où l'ombre et la lumière
Jouent avec les couleurs au gré de nos saisons.
Mon oeil suit les reflets d'une onde familière :
Ces nymphéas somptueux font mon admiration.
Cette eau mystérieuse offre un miroir aux troncs.
Ces touches de couleur, c'est bien une barrière.
C'est bien un courant d'eau, ces touches de marron.
Et mon âme se noie au sein de la matière.
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